Patrimoines Monge

mercredi 6 février 2019

Heures et malheurs: la statue Rousseau face aux savoisiens

La statue de Jean Jacques Rousseau inaugurée le 4 septembre 1910 fut la cause de conflits dans les classes politiques Savoyardes. L'inauguration  dans le parc du clos Savoiroux, sur la colline de lemenc fut accompagnée par trois discours : l'un du maire républicain, le second d'un professeur d'université et le dernier prononcé par le ministre de l'institution publique. Ces discours  soulignèrent l'importance de l’événement et les idéaux politiques de l'écrivain. Ils le défendent comme héros savoisiens amoureux de la région. Dufayard, le professeur déclare : "Il est juste qu'en face des frères de Maestre, qui représentent l'absolutisme et le passé, se dresse l’effigie de celui qui représente le peuple et l'avenir."

A l'inauguration de cette statue, certain journaux classés conservateurs condamnèrent la mise en avant de cet auteur. Il lui reproche d'être symbole d'infidélité (des relation intimes auraient eu lieu dans sa maison de campagne, les charmettes) et son origine Suisse (Genève). Pour un journaliste de " La Savoie libérale" cette commémoration est "une honte" et "une cérémonie scandaleuse". On reprocha aussi  au maire de ne pas avoir valorisé un autre savoyard méritant comme Saint François de Sales, un véritable enfant de la Savoie  qui fut élevé à la campagne tandis que Rousseau était un citadin.

Un autre exemple de contestation émergea en novembre 1910 alors que la canne de l'écrivain lui avait déjà été arrachée, au cours de la cérémonie en l'honneur de Joseph de Maestre "L'action française" un groupe royaliste conteste:"qui donna à la révolution ses dogmes stupides et meurtriers " dans des discours enflammés à l'encontre des valeurs républicaines. Dans la nuit du 10 au 11 octobre 1913 le vandalisme continua; la statue fut sciée au niveau des pieds. Le rédacteur en chef du"Patriote républicain" condamna cette acte de "crime rituel" et ira jusqu'à comparer le conflit  entre rousseauistes et anti-rousseauistes avec les guerres de religion.
La municipalité proposa une prime de 1000 francs pour toute information permettant l'arrestation du coupable. Les réparations coûtèrent 3000 francs.

Le gouvernement Pétain, malgré les contestations de l'académie de Savoie ordonna l'envoie de la statue en 1942 vers une fonderie allemande. Après la libération les autres statues emblématique de Chambéry, retrouvèrent leurs places (les frères Maestre et la Sassons). Seul la statue de Rousseau restait introuvable, heureusement le moule de plâtre avait été conservé par le musée de la ville permettant alors à la statue de retrouver sa place le 4 octobre 1961.

La statue se tient sur un socle en marbre d'Italie représentant un rocher rappelant la passion de l'auteur pour la marche.